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Je rêve d'objets sans âge, d'images troublantes d'un temps indéfini gravé dans ma mémoire et je contemple, émerveillé, la beauté qu'engendre la spiritualité dans l'art.

Un monde, fait de mystères, de symboles, de légendes et de mythes, me hante et me défie. Ne suis-je pas né en Géorgie, ancienne Colchide, puis Ibérie, pays de la Toison d'Or et des amours maudites de Jason et Médée, où pour avoir créé l'Homme et dérobé le feu sacré, le From-Theuth des Scythes, le Prométhée des Grecs, fût enchaîné par Zeus à la cime du Kazbek!

Libéré de mon passé, c'est à Paris que je peux enfin évoquer les civilisations disparues qui m'ont tant ému ; transmettre mon émoi devant ces traces magiques, porteuses de symboles identiques, depuis Sumer jusqu'à Assur, des Scythes aux Hittites, des Etrusques aux Celtes, aux Ibériques, des Achéménides aux Sassanides, des Avars aux Abassides, depuis Fayoum jusqu'à Petra, de la Phrygie à la Lydie, d'Ourartou à Louristan ... et tant d'autres encore.

Les peuples migrent et leurs cultures s'entremêlent pour mieux me fasciner car elles m'émerveillent. J'en recherche l'universalité, tout en puisant aux sources de l'art, et m'exprime avec des matériaux qui étonnent encore, parce que rares.

Métal, témoin fidèle de notre plus lointain passé, tu défies l'espace et le temps et nous parviens, après des millénaires, intact jusqu'à ce jour, revêtu de mystère. Nobles et inaltérables, l'or et l'argent, n'ont-ils pas, de tout temps, étés dédiés aux objets de la table, au Trésor du Culte, au Divin, au Sacré!
 
Ainsi en va-t-il de la pierre, dont j'aime la quintessence, les couleurs, la lumière, l'harmonie du nom : lapis-lazuli, obsidienne, sodalite, cristal de roche, oeil-de-faucon, labradorite, calcédoine, cornaline, jade, amphibolite... Belles et irréelles, vous êtes infiniment intemporelles, et j'aime à vous allier à ce métal que je martèle.

Puis vient la main, le travail de la main, qui reste irremplaçable, indispensable, inégalable. Puisqu'il y a technique, qu'elle soit évidente et qu'on l'oublie bien vite. Pas de modernité dans ces moyens-là, les miens sont archaïques. Lors je forge moi-même enclumettes et bigornes selon la pièce que je crée et d'après toutes ses formes. Puis j'attaque la matière sans croquis préliminaire. Seul le métal et sa spécificité, seule la pierre et son mystère, me dictent ce qu'il me faut faire.

Car je veux que l'objet soit unique ! C'est ce qui lui confère sa dimension magnifique où le critère d'usage s'éclipse et fait place au plaisir des yeux, au plaisir du tact, voluptueux. C'est encore ce qui force l'invention, l'imagination ! Seule, la créativité compte et je crée aujourd'hui tout un monde de formes et de fiction en laissant libre cours à ma passion.

Objets uniques -témoins de mon amour et de mon passage sur cette terre en ce troisième millénaire- verseuses, ciboires, rhytons, amphores, hanaps, aiguières, dont j'aime chanter le nom, bestiaire imaginaire, taureaux devenus cervidés, gazelle faite équidé, personnages magiques issus d'un autre monde, venus de quelque nuée, je vous forge le jour et vous côtoie la nuit, en rêve...

Goudji

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